lundi 24 août 2009

Départ du Ladakh

Mon merveilleux séjour au Ladakh est déjà fini, il a fallu que je quitte ce paradis avant que mon visa pour l’Inde ne se termine. J’espère avoir la chance de revenir dans cette région où les habitants des villages font leur propre farine à partir de leurs cultures, ainsi que leur beurre, leur bière, et leurs outils. La gentillesse et le sourire des ladakhis resteront dans mon cœur, comme ceux de la grand-mère de ma famille de Matho.


Je suis à Dehli depuis le 24 août. J’en partirai dans la nuit du 1er au 2 septembre. Direction : la Thaïlande et le Laos, où je passerai les 3 prochains mois. À suivre !

Visite du Dalaï-Lama au Ladakh

Juste avant mon départ du Ladakh, le Dalaï-Lama, chef spirituel du Tibet, est venu donner des enseignements bouddhistes pendant 3 jours à Choglamsar, près de Leh. J’ai pu y assister pendant une matinée, au milieu d’une marée de milliers de ladakhis et tibétains qui avaient revêtu leurs plus beaux habits pour l’occasion. Les étrangers ont le privilège d’avoir un endroit réservé, près de la scène où se trouve le Dalaï-Lama, où une traduction en anglais est diffusée. Malheureusement, l’ambiance y est bien moins agréable que du côté des ladakhis et tibétains, chez qui cet événement est une véritable fête.



L’eau et l’électricité



Vous qui avez l’électricité en permanence à la maison, et qui n’avez qu’à tourner un robinet pour avoir de l’eau, vous faîtes partie de la minorité de privilégiés de cette planète.

Dans ma belle maison de Matho, il n’y a pas d’eau. Pour la vaisselle et se laver, nous prenons l’eau dans un petit canal qui longe la maison, qui donne de l’eau pendant quelques heures par jour, ou encore dans une grosse mare située en arrière de la maison, et nous remplissons un réservoir doté d’un robinet. En ce qui concerne l’eau potable, nous remplissons nos bidons à une pompe manuelle, à 200 mètres de la maison. Cette eau est très bonne à boire telle quelle et nous l’utilisons pour cuisiner.

 

Dans toute l’Inde, les coupures d’électricité sont quotidiennes ou presque. Au Ladakh, elles sont plus fréquentes qu’ailleurs. Et à Matho, nous n’avons en général de l’électricité qu’en soirée, à partir de la tombée de la nuit. Parfois, nous en avons toute la nuit, et en général pendant toute la journée le dimanche. 

Toilettes ladakhis


Les toilettes ladakhis sont très écologiques. Il s’agit de 2 petites pièces, l’une au-dessus de l’autre. Elles sont en général faîtes de briques de terre recouvertes d’argile. Dans celle du haut, un trou permet de faire ses besoins, que l’on recouvre de terre ou de cendre de bouse de vache. La pièce du dessous sert à recevoir les excréments et l’urine, qui se transforment en un très bon compost utilisé dans le jardin et les champs. En général, les mauvaises odeurs n’existent pas dans ce genre de toilettes.

Cuisiner en haute altitude


Nous avions apporté au Phu, en plus de nos sacs de couchage, un peu de nourriture et une casserole. Le berger nous a fourni un peu de lait de chèvre, parfois du yoghurt ou du fromage, de la farine complète, et surtout du « gnampé » (la « tsampa » locale, farine d’orge grillée si nutritive).

Il est difficile, à cette altitude, de maintenir le feu allumé, à cause du manque d’oxygène. À cela s’ajoutait une autre difficulté : le manque de bois. En effet, aucun arbre ne pousse aussi haut, et nous devions collecter la moindre petite brindille.


Nous avons aussi utilisé la bouse de vache séchée comme combustible, mais cela demande un peu de pratique pour ne pas étouffer le feu, et fait beaucoup de fumée.

Le tas de « bois » récolté en 30 minutes d’efforts, à 3 personnes ! Et les gros morceaux nous avaient été donnés par notre berger… Un petit morceau de bois ridicule de transformait en un véritable trésor.

Préparation d’une soupe à base de « kolak », pâte faite à partir de « gnampé ».

Le chemin du Fou

Pour nous rendre au Phu, il nous a fallu une bonne journée de marche, à un rythme tranquille et avec de nombreuses pauses. La montée était très graduée pendant environ 10 km, puis bien plus raide après.


Nous avons croisé des convois d’ânes chargés de bouses (de vaches, de dzos et de yacks) qui redescendaient au village.


Nous avons dû passer à pied la rivière à plusieurs reprises, dans une eau presque glacée.


Les dzos (croisement entre la vache et le yack) ne veulent pas toujours rester au Phu et redescendent d’eux-mêmes au village. Ceux-ci se sont arrêtés pour sentir ce bébé dzo, mort en chemin.

Le chemin du retour nous a pris beaucoup moins de temps, malgré la cueillette de quelques plantes sauvages pour faire des tisanes. Nous avons pu observer pendant un bon moment un troupeau de 8 « reedox » (j’aimerais bien savoir le nom de cet animal en français…), dont 3 petits de l’année. Ils étaient descendus pour boire à la source et manger de l’herbe fraîche. Quand ils ont eu fini, ils sont remontés dans la montagne, une escalade de toute beauté. Quand ils ne bougeaient pas, il était impossible de les distinguer : ils se fondaient totalement dans le paysage.

Excursion au Fou

J’ai réalisé un rêve de longue date, que ma condition physique ne m’avait pas permis de concrétiser : faire une excursion dans les Himalayas !

Avec Kata et Blanca, nous sommes parti 4 jours au Phu (prononcez « fou ») de Matho. Il s’agit des pâturages d’altitude où une bonne partie des animaux du village vont passer les 4 mois d’été, au frais et avec plus de nourriture qu’en bas. Mais quand on parle de pâturages, on n’imagine pas une montagne presque désertique, avec quelques touffes de végétation par-ci par-là ! Les dzos et les yacks sont laissés libres, tandis que les troupeaux de moutons et de chèvres sont laissés à la garde d’un berger, avec les ânes.

Nous avons logé dans un « pullu » (prononcez « poulou »), construction de pierre habitée par un berger qui s’occupe de 400 moutons et chèvres. C’est impressionnant de les voir sortir du « pullu » : c’est dur de croire qu’ils peuvent tous tenir dans cet espace restreint pour la nuit. Il existe d’autres « pullus » dans le Phu, chacun situé à plusieurs kilomètres les uns des autres.
Nous avons logé dans 2 minuscules chambres au plafond bas, avec des étagères en pierre incorporées dans les murs. En plus des roches, utilisées en grande majorité pour la construction, le « pullu » est solidifié avec un peu de terre et quelques morceaux de bois pour tenir le plafond fait de grandes dalles de pierres surmontées de terre. Nous avions aussi une belle terrasse-cuisine, sur laquelle j’ai dormi la dernière nuit à la belle étoile.

Le berger habite une petite pièce, mais préfère dormir sur le toit.

Les 2 montagnes au pied desquelles nous avons habité culminent à 5 899 m (Nimaling Kangri, à gauche) et à 5 818 m. Nous avons donc estimé que l’altitude de la partie du Phu où nous avons séjourné est entre 4 500 m et 5 000 m. De quoi être essoufflé !


Dans la journée, le berger mène son troupeau plus haut dans la montagne.

lundi 10 août 2009

Séjour culinaire à Matho

Il n’y a pas grand commerce dans le village, ni restaurant, mais on n’y manque vraiment de rien.

Mes voisines Kata et Blanca (franco-colombiennes) voyagent en Inde depuis 7 ans. Avec elles, nous cuisinons tous les jours des plats délicieux, très bons pour la santé.

La dernière invention était particulièrement succulente. Nous l’avons baptisée «gâteau de lasagnes ». La pâte était faîte à partir de farine complète artisanale locale, et nous avons alterné des couches de sauce aux légumes et à la betterave avec des couches de feuilles de betterave cuites. Nous y avons ajouté un peu de « paneer » (fromage frais) fait maison. Miam !



Concours de tir à l’arc

Après la journée du festival de Matho, plus féminine, la journée suivante était celle des hommes. Un concours de tir à l’arc était « organisé » pendant toute la journée, jusqu’à la nuit tombée, dans une allégresse impressionnante.

Les participants étaient réunis en 4 équipes. À chaque manche, chacun tirait 2 flèches en se partageant les 5 arcs disponibles, au son des percussions et autres instruments de musique. Avant les parties, chaque équipe faisait le tour de la cible en criant, et les joueurs improvisaient des danses ladakhis (très lentes, comme celles que j’ai vues la veille).

Quand un joueur tirait en plein centre de la cible, il était ovationné, on lui mettait un « katak » blanc autour du cou (signe de respect) et il dansait devant tout le monde. Les moines bouddhistes participaient aussi au concours.

À la pause du repas de midi, ils m’ont proposé de tirer à l’arc, et j’ai même réussi à mettre une flèche dans la cible.








Ladakhi


En rentrant à la maison, après le festival de Matho, Yangshen (la propriétaire de la maison dans laquelle je vis) et sa fille Lamo m’ont offert d’essayer le costume ladakhi. On a beaucoup ri.





Festival de Matho

Je suis vraiment privilégiée : 2 jours après mon arrivée à Matho, les habitants du village organisaient leur propre festival. Une journée magnifique, où j’en ai vu de toutes les couleurs. Ce festival était vraiment préparé par et pour les locaux, et pas du tout touristique. Chacun y apportait son aide pour que cet événement soit un succès : chaque famille prêtait une table basse et un tapis, et contribuait en apportant quelque aliment à la cuisine pour le thé ou pour le repas du midi.

Au programme : chants, danses traditionnelles (très lentes), service du thé et de la nourriture, et beaucoup de bonne humeur. Mais le spectacle était aussi fabuleux dans le public…










Tirer la langue est un geste très ladakhi et tibétain et n’est pas du tout malpoli, au contraire. Chez les ladakhis, il indique une expression de surprise, de désolation ou de préoccupation. Chez les tibétains, ça veut dire bonjour.