mardi 16 février 2010

La « puja » de Saraswati

Le 20 janvier dernier, à l’école de filles de C., j’ai célébré une fête religieuse hindou très importante dans les écoles indiennes : la « puja » de Saraswati.

Une salle de classe est transformée en lieu de culte, où on a installé Saraswati, déesse de l’enseignement.


Il faut commencer par aller chercher de l’eau sacrée au temple.


Ma sœur indienne m’a offert pour l’occasion un sari neuf, au grand bonheur des filles.


Décoration de la porte d’entrée de la classe transformée en temple.

Pique-nique à l’indienne

À C. (village de l’intérieur des terres de l’Orissa où habite ma sœur indienne), j’ai fait un peu de bénévolat dans une école de filles, et j’ai été invitée à participer au pique-nique de fin d’année de l’école. En Inde, le mot pique-nique n’a pas la signification qu’on lui connaît. Il s’agit bien de prendre un repas en plein air, mais on ne mange pas de sandwichs ni de plats simples. Au contraire, c’est l’occasion de prendre un repas plus élaboré que d’habitude.

Regarder le cuisinier préparer 6 plats différents pour 250 convives, avec un matériel si restreint, est fascinant. Au menu : des montagnes de riz, un curry de légumes, un « chutney » de tomates, du daalh (soupe de lentilles) et, jour de fête oblige, 2 préparations à la viande. Au bord de la rivière, un boucher tue, plume et dépèce une vingtaine de poulets. Puis c’est une chevrette vivante qui est sacrifiée, à côté des filles à qui ça ne coupera pas l’appétit… Imaginez le scandale que ça ferait ailleurs !



Les filles se promènent près de la rivière ou vont au jardin fruitier voisin, aident à couper les légumes. Puis, c’est l’heure des chants et danses. Le programme est improvisé au fur et à mesure. Il a fallu que j’y contribue moi aussi, on m’a mis le micro dans les mains pour que je chante une chanson en français. J’ai aussi dû rejoindre un groupe de filles pour danser avec elles une danse tribale de cette région de l’Orissa.


Finalement, tout le monde se régale. Le repas est servi en 3 services. Les derniers à manger sont les professeurs et directeurs de l’école, une fois toutes les filles rassasiées.

Lac Chilika




Par endroits, on se croirait dans des marais salants. Si on ne regarde pas la végétation de près (et qu’on retire les buffles d’eau), on pourrait être en Bretagne… En fait, ces « marais » sont utilisés pour la pêche : à la saison des pluies, ils communiquent avec le Lac, et comme il y a beaucoup de nutriments dedans, ça attire les poissons qui s’y retrouvent prisonniers lorsque les eaux baissent.


On utilise aussi ces sortes de « marais » pour y repiquer le riz.

Dauphins et oiseaux migrateurs du Lac Chilika

En janvier, j’ai passé 3 jours au Lac Chilika, qui est le plus grand lagon d’Asie et la 2ème plus grande au monde. La vie y est très variée en raison des 3 écosystèmes qu’on y trouve : eau douce, eau de mer et eau saumâtre. Il est alimenté en eau salée par la mer de Bengale et en eau douce par plus de 50 rivières. On y trouve, entre autres, des otaries, des serpents marins, 2 sortes de dauphins, 150 espèces d’oiseaux dont une centaine d’oiseaux migrateurs.

Cet environnement est très fragile puisque les berges et les îles de Lac sont très peuplées. L’ONG « Prepared », qui agit pour le sauvegarder, a mis un bateau à ma disposition.

J’ai pu observer des dauphins Irrawady (Orcaella brevirostris). Ils sont en voie d’extinction, il n’y en a plus que 500 dans le lagon.

Quelques-uns des oiseaux migrateurs venus échapper à l’hiver.


Les porteuses de poisson

À Chandrabhaga, un gros village de pêcheurs est situé près de l’ashram. Les pêcheurs viennent de l’Andrah Pradesh, au sud de l’Orissa, et ne parlent pas l’oriya mais le telugu. Leurs femmes transportent de lourds chargements de poissons à longueur de journée, selon les arrivages. Minimum 30 kg sur la tête, pour un salaire de 20 roupies (moins de 0,50 $ ca, ou 0,30 €) par voyage de 500 mètres. Elles passent près de l’ashram pour aller déposer leur chargement dans un des entrepôts qui conditionne le poisson dans la glace pour l’envoyer à Calcutta, où il arrive 12 heures plus tard. Ensuite, les femmes se dépêchent de faire le chemin inverse pour recharger…





La plage de Chandrabhaga

En janvier, je ne me suis presque pas baignée, il y avait un vent très fort et de grosses vagues. En février, par contre, quand il a commencé à faire trop chaud, j’ai pu m’offrir quelques belles baignades, et j’ai même pu nager, dans cette mer qui est souvent trop agitée pour le faire.

De nombreuses grosses tortues meurent dans les filets de pêche et s’échouent sur les plages, à Chandrabhaga comme à Puri.


Les indiens en vacances ou en pèlerinage s’y font photographier, se trempent les pieds dans cette mer sacrée, ou s’y baignent le matin de bonne heure.

Grands yeux et orteils serrés

« Ca ne m’étonne pas que tu vives en Inde, me dit mon amie thaïlandaise Khuan, tu ressembles aux indiens : tu as de grands yeux comme eux. » Par la suite, plusieurs thaïlandais et chinois me l’ont confirmé : pour eux, les occidentaux ont de grands yeux, et eux-mêmes en ont de petits.

De retour en Inde, c’est à mes pieds qu’on s’intéresse. Kabita me donne l’explication : j’ai les orteils serrés. Beaucoup d’indiens (surtout ceux des villages) ont, par comparaison, les doigts de pied bien décollés, en éventail. Pourquoi cette différence ? Depuis l’enfance, ils marchent souvent pieds nus, alors que nous portons des souliers fermés.

Je ne me vois plus du même œil !

Œuvres d’art éphémères

À marée basse, sur la plage de Konark, des milliers de crabes minuscules réalisent ces œuvres d’art, qui seront détruites quelques heures plus tard. Chacun montre sa personnalité dans sa façon de ranger les petites boules de sable.


lundi 15 février 2010

La vie de l’ashram

Voici quelques-uns des personnages que j’ai côtoyés à l’ashram de Baba Panda.

Mita, ma voisine directe, mère de 3 fillettes, a mon âge.



Liza (9 ans) et Pooja (6 ans) font leurs devoirs.


Et il y a aussi la vache, le veau, 7 chats, des dizaines de corneilles, des chacals qui crient au loin la nuit (on dirait qu’ils rient), et tous les animaux qui passent chercher quelque chose à manger dans la journée (des chèvres, des familles de cochons noirs, des vaches, des taureaux, des buffles etc…). Comme cette chèvre venue grignotter les offrandes fraîchement installées pour les dieux !

Ruja, 2 ans, ma grande amie.


En janvier, 7 veuves partageaient une chambre. Elles m’appelaient « djia » (fille) et je les appelais « Ma » (mère).






Dans une autre chambre, un autre veuve vivait avec cette femme en sari vert.

Baba Panda

Baba Panda est un personnage comme on n’en rencontre qu’en Inde. Marié et père de 3 enfants, tous adultes, il vit au rythme de ses 3 « pujas » (prières et offrandes aux dieux) quotidiennes. Mais qu’est-ce qu’un Baba ? Il se définit avant tout comme un travailleur social. Pendant les mois saints d’octobre et de janvier, plusieurs indiennes âgées, veuves, séjournent à l’ashram pour un prix modique. Il héberge presque gratuitement une petite famille avec 3 enfants depuis 5 ans. Il lui arrive aussi de recueillir des étrangers un peu perdus et sans le sou.

Baba Panda n’a pas toujours été Baba. Jeune marié, il a d’abord été « businessman », c’est-à-dire qu’il tenant un petit magasin à Konark. Un incendie a tout détruit, puis il a ouvert un autre commerce à Chandrabhaga. Après 2 ans, c’est le gouvernement qui l’a détruit. Entre-temps, il avait rencontré son « Guru » (Maître), un Baba qui lui a conseillé d’ouvrir un petit ashram et lui a légué un terrain. La vie de Baba lui convenait parfaitement, c’est donc ce qu’il a fait. Il a construit l’ashram au fur et à mesure. Il offre un hébergement simple, une nourriture saine, et, sur demande, des cours de yoga ou des massages. On le paye par dons. À 62 ans, Baba Panda vit une vie simple, sans aucun stress.

La femme de Baba Panda fait son beurre.

Ma chambre à l’ashram de Baba Panda

Le « chuli » sur lequel je cuisine, et le pain que j’ai cuit. J’ai appris à nettoyer le « chuli » et le sol aux alentours avec un chiffon trempé dans un mélange désinfectant d’argile, de bouse de vache et d’eau. Quand on le nettoie, on en profite aussi pour réparer le sol là où c’est nécessaire, avec le même mélange.


De l’intérieur, la porte se ferme avec un gros bâton. Cette porte m’arrive au niveau du menton, je me suis cogné la tête quelques fois.


Une de mes 2 « fenêtres ». La deuxième est presque 2 fois plus grande !


J’apprends à faire de bons chapatis (galettes fines de farine de blé entier) : moins facile qu’il n’y paraît ! Mes chapatis étaient très secs au début, ils sont maintenant presque dignes de ceux d’une femme indienne (ou d’une petite fille indienne, puisqu’elles apprennent cet art dans leur enfance).


Le plafond de ma chambre et le haut du mur qui sépare ma chambre de celle des voisins (c’est presque comme si on vivait chez eux puisqu’on entend tout). 2 des gros chatons de l’ashram viennent dormir, la nuit, sur les sacs de jute situés sur les bâtons, au-dessus de mon lit.