lundi 6 septembre 2010

Le point de vue d’un écologiste local.

Lobzang est ladakhi et travaille en tant qu’ingénieur depuis plus de 15 ans pour le Groupe de Développement Écologique du Ladakh à Leh. Le point de vue qu’il porte sur le drame qui a touché le Ladakh au début août dernier est différent de celui de la plupart des habitants de cette région reculée des Himalayas. Au lieu de se lamenter sur ce qui s’est passé, il pense plutôt à l’avenir et à la manière de reconstruire pour que les pertes soient moins importantes si les éléments de déchainent à nouveau.
D’après Lobzang, beaucoup de morts et de dégâts matériels auraient pu être évités. La plupart des maisons détruites étaient construites sur des zones inondables. Les personnes âgées le savaient et l’avaient dit. À chaque fois qu’il y a eu de fortes pluies (il y a 20 ans, 50 ans ou 70 ans), l’eau s’évacuait par ces chemins. Seulement, cette fois-ci, les précipitations ont été bien plus importantes que par le passé.

Une des zones les plus touchées, ce quartier de Choglamsar totalement dévasté, est appelé « Saboo tchu-baps », ce qui signifie « chute d’eau de Saboo » en ladakhi. S’il pleut beaucoup à Saboo, l’eau s’évacue en descendant par ce secteur de Choglamsar. Il y a seulement 10 ou 20 ans, aucune maison n’était édifiée à cet endroit. Puis l’exode rural a poussé des villageois à venir s’y installer. Les maisons ont été construites sans aucune vision globale, bouchant les passages d’évacuation des eaux.

Dans d’autres villages, les maisons détruites étaient édifiées au milieu des champs, ce qui n’est pas approprié à la manière traditionnelle ladakhi de construction. En effet, les bâtiments sont faits principalement de briques de terre, cuites au soleil. Toutes les maisons anciennes de ce type sont bâties sur des collines ou à flanc de montagne, et jamais au milieu de la vallée. Le matériau utilisé ne peut pas résister à l’humidité des champs, et encore moins à celle d’une inondation lors de laquelle l’eau s’accumule dans les parties les plus basses.

Il ne faut pas pour autant porter la faute sur l’architecture traditionnelle ladakhi. Prenez le Palais de Leh ou celui de Namgyal, ils ont été édifiés de cette manière, il y a plus de 400 ans. Ils sont toujours debout, de même que de nombreux monastères anciens, toujours construits en hauteur.
Il y a souvent des fuites au niveau du toit dans ces constructions traditionnelles. Plusieurs traitements sont possibles afin de les réparer et d’éviter ces inconvénients.

Pour Lobzang, l’importance des précipitations inhabituelles pour cette région aride est due aux changements climatiques comme cela arrive partout dans le monde.
Lobzang espère maintenant que les habitants du Ladakh vont bien réfléchir avant de reconstruire, qu’il y aura une vision globale de l’urbanisme, et que tous écouteront les conseils des personnes âgées.

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