Il y a 10 ans, j’ai fréquenté régulièrement 5 femmes pauvres népalaises, couturières dans un orphelinat. Elles m’ont aidé à apprendre le népali, et je leur ai inculqué quelques notions d’anglais. Je m’étais surtout liée d’amitié avec l’une d’entre elles, Lomu. Son histoire, sa pauvreté, et sa détermination m’avaient touchée. Elle s’était retrouvée abandonnée par son mari, à la rue avec ses 4 filles. Elle avait dû donner 2 de ses filles à un orphelinat. Elle avait gardé avec elle la plus jeune, Junu, et la plus âgée, Domi. En 1999, elle venait de trouver cet emploi de couturière. Grâce à cela, elle pouvait payer le loyer d’une petite chambre dans laquelle elle ne possédait qu’un lit simple, une étagère et un réchaud à kérosène. La grande fenêtre ne possédait pas de vitre et elle la fermait à l’aide de sacs de pommes de terre pour se protéger du froid de l’hiver. Elle se levait à 4 heures du matin et marchait pendant 30 minutes dans le noir, dans la montagne, pour aller apprendre à lire et à écrire avant sa journée de travail…
Le soir du nouvel an tibétain (fin février 2009), j’écoutais une Puja (prière) tibétaine près du Stupa. Une femme, accompagnée de sa fille, était debout près de moi. Elle me faisait de beaux sourires, que je lui rendais. Pendant 5 minutes, je me suis demandé si c’était Lomu, jusqu’à ce qu’elle me demande mon nom. C’était bien Lomu et sa fille Junu, maintenant âgée de 13 ans ! Les retrouvailles ont été touchantes et elles nous ont invitées, Renée et moi, à aller dans leur chambre, dans laquelle elles vivent avec Domi. Lomu travaille toujours pour le même orphelinat. Son salaire est très faible, mais elle a amélioré ses conditions de vie. Elle possède maintenant 2 lits, 2 tables, une armoire, 2 étagères, une vieille TV en noir et blanc qui ne capte presque rien, et beaucoup plus de vaisselle qu’auparavant. Elle a beaucoup de couvertures. Sa chambre est sombre, mais elle a des vitres aux fenêtres maintenant. Elle qui ne parlait pas un mot d’anglais, arrive à le baragouiner assez pour se faire comprendre. Sa fille aînée, Domi, qui a 19 ans, se débrouille très bien dans cette langue. Les études de Domi et de Junu sont payées par l’orphelinat qui emploie Lomu, jusqu’au diplôme de fin d’études. Elles sont toutes les 2 très bonnes élèves et passent leurs journées de congé à étudier et à aider leur mère.
J’ai dormi une nuit chez elles. Nous avons passé une belle soirée, chacune a mis ses plus beaux vêtements pour se faire prendre en photos. Il y a de gros problèmes d’eau au Népal, surtout dans les quartiers pauvres. Lomu doit se lever au milieu de la nuit pour profiter du moment où il y a de l’eau au robinet : elle remplit les bidons d’eau et fait la vaisselle. Lomu a gardé contact avec ses 2 autres filles. Elle leur rend visite quand elle peut, et elles viennent passer un mois de vacances par an avec elle.
Avec Renée, nous leur avons fait quelques cadeaux, et remis un peu d’argent pour payer un cours d’ordinateur de 3 mois à Domi, qui va bientôt obtenir son diplôme de fin d’études et rêve d’aller à l’université.
Photos prises au Népal, fin février, début mars 2009
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